Madagascar: Ravalomanana joue l’apaisement
L’ancien Président s’est employé à contourner tous les points qui fâchent sur le « lundi noir ». Il a, toutefois, insisté sur son indemnisation.
Aller de l’avant. C’est ce qu’a martelé Marc Ravalomanana, ancien président, lors de son allocution pour clore le culte de commémoration du « lundi noir », hier, au Magro Tanjombato. Durant un peu plus de trente minutes de prise de parole et lors d’un bref point de presse, l’ancien exilé d’Afrique du Sud a répété qu’il a tourné la page sur les faits de l’année 2009 et que son principal objectif, aujourd’hui, est de remettre en marche son entreprise.
Les fidèles du président national du parti « Tiako i Madagasikara » (TIM), présents en nombre à Tanjombato, hier, ont eu droit à ce qui ressemblait à une seconde homélie, prononcée par leur chef de file. Marc Ravalomanana a, en effet, prêché le pardon et la réconciliation. « Laissons le passé au passé, pensons plutôt à aujourd’hui, à ce que sera demain. (…) Ce culte est ouvert et destiné à tous, sans exception, autant pour les victimes que pour les incendiaires », a-t-il déclaré.
Pour insister sur la réconciliation et l’apaisement, il s’est employé à contourner les questions concernant, notamment, ce qu’il sait sur l’identité des éventuels responsables des casses du 26 janvier 2009. Il en a été de même sur sa part de responsabilité, étant donné qu’en tant que chef d’État à l’époque, il a donné l’ordre aux forces de l’ordre de ne pas intervenir ce jour là. Visiblement, Marc Ravalomanana a voulu profiter de l’événement d’hier, pour revendiquer son indemnisation et la restitution de ses biens.
Blocage politique
« Dans l’esprit de la réconciliation, c’est le moment d’œuvrer ensemble et de faire le pari de reconstruire les dégâts », a ajouté l’ancien chef d’État. La reconstruction de son empire industriel a, justement, été l’un des principaux axes du discours de Marc Ravalomanana. « J’ai encore la force de remettre sur pied cette entreprise », lance-t-il a ses fidèles, se comparant à un aigle qui prend son envol. « Rendez nous juste ce que vous nous avez pris, nos terres, nos matériaux, notre argent que vous bloquez », a-t-il réclamé le temps d’un verset tout ceci sur ton conciliant.
« Je ne demande pas plus que ce qui est prévu dans la Feuille de route », soutient-t-il. Toujours au stade de lettre jusqu’ici, le point 26 de ce texte prévoit que « ceux qui auraient subi des préjudices de quelque nature que ce soit auront droit a une réparation et/ou indemnisation par l’État (…) ». Le texte ajoute que c’est au Conseil de réconciliation Malagasy (FFM), de fixer les modalités d’indemnisation.
Après les résolutions des assises nationales de réconciliation de l’année passée, la refonte du FFM est en cours et l’indemnisation des victimes des crises est l’un des grands chantiers qui attendent cette institution. Hier à Tanjombato, le député Guy Rivo Randrianarisoa a indiqué que le camp Ravalomanana attend beaucoup de cette refonte, surtout, en matière d’indemnisation, un aspect de la réconciliation qui devrait être l’un des grands chantiers du FFM nouveau.
Mais le questeur en charge de la bonne gouvernance et de la transparence à l’Assemblée nationale, reconnaît, néanmoins, que le principal blocage, quant à la situation de Marc Ravalomanana et son patrimoine, est « essentiellement politique ». Indemniser l’ancien chef d’État, lui redonner libre accès à ses avoirs en banque et aider à la relance de l’empire Tiko seraient, en effet, rebooster financièrement un poids
lourd de l’arène politique.
Source: LexpressMada 1-27-16